L'exposition
prolongée d'une personne à de nombreuses agressions, même mineures,
peut conduire au phénomène de traumatisation et au stress cumulatif. On
l'oppose au stress traumatique causé par une seule agression, violente
et soudaine (traumatisme psychique type 1).
Le stress
cumulatif n'est pas moins sournois. Il doit être identifié avant qu'il
ne conduise au burn-out, ou crise de surmenage et d'épuisement
professionnel.
Ce dernier touche particulièrement les
soignants et les humanitaires, car ils s'attaquent toujours à une tâche
considérable, la demande d'aide dépassant l'offre et ne pouvant jamais
être satisfaite.
En mission, les petites agressions, liées aux conditions de travail en zone de conflit, sont multiples et quotidiennes :
. le logement ( précarité, promiscuité, absence de confort, absence d'eau, chaleur, bruit) ;
. les déplacements (risques, menaces, franchissements fastidieux et check-points) ;
. l'alimentation (manque de nourriture ou monotonie des mets) ;
. l'immobilité et l'inactivité (parfois longue durée, comme en situation de stand-by ;
. la non-validation du travail accompli (absence de reconnaissance des victimes ou hostilité des
autorités) ;
. les autres (ils peuvent être eux-mêmes victimes de stress cumulatif et des troubles de caractère).
Rapidement
surtout du fait que vous travaillez en situation de guerre, ces
agressions conduisent à l'épuisement, à la frustration et à l'absence
d'efficacité professionnelle. La force de la routine, la mauvaise
habitude de prendre de petits risques, la difficulté de communiquer
peuvent conduire à la perte de votre objectivité concernant votre propre
sécurité et celle des collègues de travail. Ceci, est dangereux pour
tous.
Sur le personnel, le stress cumulatif conduit,
via l'hyperactivité stérile, à l'épuisement physique émotionnel, pour
aboutir au burn-out.
Ce trait particulier qui peut amener la personne à constater :
-
Je ne suis plus efficace dans mon travail, mais ça m'est égal", atteint
(e) de stress cumulatif, vous changerez imperceptiblement d'attitude
par rapport aux victimes, aux collègues et à vos tâches quotidiennes.
Par cynisme ou amertume, vous serez porté (e) à faire des plaisanteries
douteuses sur des situations tragiques. Surmené (e) ou désabusé (e),
vous ne trouverez de plaisir à faire ce que vous aimez faire. S'il est
ignoré, ce stress peut conduire, comme tous les autres stress, à des
manifestations psycho-somatiques (maux de tête, douleurs dorsales,
symptômes gastro-intestinaux) et à un état dépressif (troubles de
sommeil, difficulté de concentration).
Nous sommes parfois responsable du burn-out qui nous consume, mais nous avons toujours les moyens d'éviter cette surchauffe.
Que faire ?
Lorsqu'on se sent atteint de stress cumulatif, , que peut-on faire ?
- Accepter qu'il est impossible de se préoccuper des autres sans se préoccuper de soi, et de
prendre conscience que chacun est à priori responsable, de son stress ;
- Comprendre que le stress est inhérent à l'action humanitaire, puisque les objectifs de cet
engagement très élevé, ne peuvent être atteints ;
-
Éviter le surmenage, la présence prolongée au bureau, le manque de
temps pour les relations personnelles et
faire du sport, la consommation de stimulants
rapidement nocifs pour la santé, d'une façon générale,
l’excitation qui pousse à brûler la chandelle
par les deux bouts.
Tout cela ne fait pas
inévitablement partie d'une mission du C.I.C.R. On peut travailler
valablement dans l'humanitaire sans être épuisé, en ménageant ses
forces et en gardant du temps le Repos, le Repas, les
Relations (les 3 R), et pour l'entraînement physique.
- Entretenir
et protéger l'esprit d'équipe : contribuer à forger une atmosphère
propice à la perception et à l'expression de la vulnérabilité de
chacun ;
- Apprendre à partager ses émotions avec le groupe constitue la meilleure prévention.
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