La fatigue est le terme usuel, et pratique pour désigner l'état d'un
organisme humain soumis à un travail prolongé a la suite duquel les
performances sont réduites. elle a pour caractéristiques principales
d'entraver les traumatismes des sollicitations extérieures, le
fonctionnement des sens capteurs, la capacité de penser et d'interpréter
et la motricité de réponse. Son apparition peut aussi se manifester
après un effort relativement long, de même qu'en période plus calme, et
elle peut même ne pas se manifester, malgré un travail pénible, lorsque
ce dernier intéresse suffisamment celui qui l'accomplit.
Mais on peut aussi surtout penser que la fatigue
s'exprime le plus souvent par un certain nombre d'erreurs de conduite
liées à une attention très détériorée (le conducteur de poids lourds qui
fait "craquer" plusieurs fois ses vitesses, par exemple).
Certes conduire est fatigant.
Bien que l'effort soit
minimisé, les origines peuvent être musculaires, mais aussi nerveuses ou
sensorielles.Une enquête menée par G. Michant en 1968 a montré que pour
les conducteurs, les signes de fatigue au volant étaient :
- "musculaires" dans 38 % des cas (douleurs dans les membres
inférieurs, le cou, la nuque, le dos, les reins), car la conduite est un
travail à peu près complètement statique, assis, et la prolongation de
cette station assise peut entraîner diverses douleurs, voire ankyloses,
car seuls certains muscles travaillent constamment :
- "nerveux" dans 28 % des cas (envie de dormir, manque d'attention,
irritabilité, diminution des réflexes), car la conduite exige à chaque
instant de choisir les plus pertinentes des informations perçues en
grand nombre, et l'absence ou un petit nombre de stimulations est aussi
néfaste qu'un afflux excessif.
"sensoriels" dans 25 % des cas (fatigue visuelle, picotements,
brûlures, perturbations ou baisse de la vision), selon la plupart des
auteurs, sont d'origine visuelle.
Enfin, dans 9 % des cas, les conducteurs indiquaient des causes liées à la lassitude".
Tout cela traduit simplement une baisse progresse de la vigilance du conducteur
qui alors :
- conduit d'une manière moins précise ;
- réagit moins rapidement : croisement de voitures, virages aigus... ;
et surtout tend à s'endormir au volant.
Et si 5 % des accidents de la route sont dus à un
endormissement du conducteur, combien d'autres imputés à la maladresse, à
l'inattention, à la folie au volant, à l'imprudence sont en fait tout
simplement dus à une baisse de la vigilance due à la fatigue du pilote.
Les travaux de C. Tarière et M. Harteman sur simulateur de conduite
montrent en outre qu'il existe des baisses fugaces d'attention
apparaissent dès la 30° minute de conduite, dont les sujets ne sont pas
conscients alors qu'ils sont conscients des périodes plus prolongées où
ils luttent contre l'assoupissement. En outre même lorsque le niveau
d'éveil est bien, des signaux sont omis. De même G. Michant et M. Pottier à Montlhéry ont établi
qu'au cours de 6 heures de conduite, le taux de détection des
informations extérieures passe de 90 % à moins de 10 %.
Au total, il existe deux défaillances de l'attention de
baisse d'éveil et la distraction, la première étant encore plus périlleuse que la seconde (R. Vie ville et H. Sapin-Jaloustre).
Il ne faut pas oublier qu'un assoupissement d'une fraction
de seconde peut avoir des conséquences mortelles et rappelez-vous
certains signes avant-coureurs de l'endormissement, tels que :
- le point douloureux entre les omoplates ;
- la lourdeur de la tête ;
- le désir fréquent de changer de position ;
- la démangeaison du cuir chevelu ;
- les yeux qui picotent qui larmoient...
Et n'oubliez jamais qu'un automobiliste fatigué a environ
quatre fois plus de risque d'avoir un accident grave que s'il était
reposé. La baisse d'attention est favorisé par divers facteurs :
alcool, certains médicaments, la conduite à jeun (hypoglycémie) ou au
contraire après un repas copieux..
De même l'attention est diminuée par
la monotonie du trajet. C'est le cas notamment de la conduite nocturne
faite d'obscurité, de silence, d'ennuis et parfois d'une dette de
sommeil. C'est aussi le cas des routes planes, rectilignes et désertes
(autoroute) par opposition aux routes de montagne où les accidents sont
relativement moins nombreux car l'attention est constamment en éveil.
Pareillement la présence d'une personne même silencieuse
aux côtés du conducteur a un effet favorable sur la vigilance. Un bruit
continu et sans signification (ronronnement du moteur) a un effet
contraire. En revanche, des bruits significatifs - comme la parole ou la
musique - favorisent le maintien de la vigilance, tout au moins pour
des manœuvres courantes. Mais c'est le contraire dans des situations
difficiles.
On peut résumer ainsi les principaux facteurs susceptibles
de provoquer une fatigue objective (et même subjective en règle générale
au volant :
- le manque de sommeil ;
- un travail corporel forcé avant le départ ;
- un travail musculaire statique (tenue au volant sur un long parcours) ;
- un travail intellectuel astreignant (en particulier attention soutenue, par exemple sur de longs trajets) ;
- des maladies et des phases de convalescence, et ceux qui en favorisent l'apparition :
- des variations quotidiennes entre certaines heures (la
plupart des gens ressentent une baisse de leur potentiel énergétique
entre 12 et 14 heures, surtout après le repas, et de nuit, s'ils
veillent, entre 2 et 4 heures) ;
- certaines conditions météorologiques dues à des changements de la pression
atmosphérique ;
- l'alcool ;
- le bruit ;
- un effort supérieur à la moyenne par mauvaise visibilité
ou sous un mauvais éclairage, une variation de l'intensité de la
lumière et l'éblouissement (par exemple, voyage nocturne, route
mouillée, brouillard, circulation intense ;
- une chaleur incommodante (par exemple), voyage estival);
- des médicaments entraînant de la fatigue ;
- le monoxyde de carbone (fumée de cigarettes, gaz d'échappement) ;
- la monotonie (qui provoque une fatigue subjective).
De tout ce qui précède, la conclusion pratique est que, pour éviter la fatigue,
le conducteur doit :
- dormir et se reposer suffisamment avant de prendre le volant ;
- ne pas rouler trop longtemps sans faire de pause :
- une toutes les deux heures par exemple ;
- s'arrêter aussitôt qu'il a envie de dormir ;
- boire de l'eau à chaque pause. L'eau est un anti-fatigue.
En ce qui concerne les routiers, les règlements limitant les heures de travail doivent être strictement respectées.